Au coeur de la crise financière, il y a de cela bientôt deux ans, on nous annonçait que l’un des coupables était la cécité des marchés financiers. Dont acte. Cette appréciation a nourri le retour des politiques qui ont essayé de reprendre la main sur l’économie. La création du G20, les initiatives qui y ont été prises, parfois sans suite, ont témoigné de la volonté que les marchés financiers ne devaient plus guider aveuglement l’avenir de nos sociétés. Ce faisant, les gouvernements se sont jurés de ne plus subir les diktat de nos marchés devenus fous. La volonté semble malheureusement avoir fait long feu. Ces derniers mois, en effet, l’abondance de nouvelles émises par les agences de notations, dont beaucoup ignoraient l’existence, est venue rappeler à nos gouvernements que le politique avait des pouvoirs, certes, mais dans la limite de ce qu’exigeaient les marchés financiers. Les cas de la Grèce ou de l’Espagne, de l’Irlande et du Portugal ont clairement affiché le retour de la domination des marchés. Plus récemment, les doutes sur la possibilité pour la France de pouvoir perdre sa « fameuse » note AAA ont été l’un des motifs justifiant la réunion à Brégançon, provoquée par le Président de la République.
Bref, deux ans après que le coupable ait été dénoncé, le voilà de nouveau rétabli comme grand ordonnateur du fonctionnement de nos sociétés. On peut y voir là un danger : le citoyen, à travers son gouvernement, n’est plus maitre de son avenir. Mais on peut y voir aussi un avantage : la capitalisme de marché a une nouvelle fois démontré sa formidable capacité à rebondir, à renaître de ses cendres, tel un Phénix. Espérons que ces renaissances réccurentes (crise de 1929, de 1973, de 1987, de 1997, de 2001 et 2008) aident à capitaliser suffisamment d’expériences pour prévenir d’autres crises…Mais, là permettez moi d’en douter : le marché est souvent myope. Une nouvelle forme de régulation, gérant les externalités et agissant par incitation et balisant l’avenir semble indispensable. Pour de plus amples éclairages je vous recommande l’article de Paul Krugman qui considère la réduction des déficits comme un « sacrifice humain ». Par ailleurs pour ceux qui souhaitent approfondir le débat voici également un article de deux chercheurs sur la pertinence des déficits publics en période de crise.