Le déficit selon Baroin et ricardo : redonner confiance aux français


On entend souvent ces derniers temps un plaidoyer pour la réduction des déficits. Au-delà de la volonté de rééquilibrer les comptes publics sous leur dimension financière et ainsi plaire aux marchés, un autre objectif est affiché : redonner confiance aux français. Cette vision n’est pas nouvelle. Elle participe d’une partie de la littérature qui avance que les agents économiques sont rationnels, anticipent et donc, modifient leur comportement de consommation ou d’épargne en fonction de leur prévision sur le futur proche. On fait référence alors à l’équivalence ricardienne, remise en avant par un article célèbre de Robert, J. Barro en 1974 (« Are net Bond Wealth »). Ainsi, les français voyant les déficits se creuser, anticiperaient une hausse future des impôts, et donc accroitraient leur épargne afin de faire face à cette augmentation de la fiscalité. Dès lors, toute relance par la consommation serait vaine. Aussi, vouloir relancer l’économie en s’appuayant sur le moteur de la consommation exigerait avant tout de réduire les déficits afin de redonner confiance aux agents économiques pour qu’ils libèrent leur épargne au profit de la consommation. Faire des français des cigales et non plus des fourmis tel serait le but. L’interview de François Baroin, le lundi 23 août 2010 dans le Figaro, est une illustration de ce mode de pensée. Cela semble aller dans le bon sens me direz-vous ? Oui, mais attention à ne pas éteindre l’économie en voulant réduire trop fortement les déficits. Car, on retrouve là, le bon vieux débat entre ceux qui croient en la vertu de déficits raisonnables et ceux qui les craignent. Face, à une crise d’une aussi grande ampleur que celle que nous subissons ces derniers mois, il va sans dire que ce débat doit être dépassé au profit d’une analyse plus innovante : faire du bon déficit afin que les dépenses publiques engagées ne soignent pas la prochaine élection mais permettent au pays de se doter de tous les outils nécessaire à sa reprise. Il serait regrettable dans quelques mois, une fois que le reste du monde se relancerait, que nous ne puissions bénéficier de cette relance, faute d’avoir fait les bonnes dépenses aujourd’hui. Et puis, cela renvoie à un post récent sur ce blog soulignant le danger de trop subir le diktat des agences de notation qui comme on le sait sont rationnellement axées sur le court terme. Leur préoccupation étant de juger de la capacité de la France (comme de beaucoup d’autres pays) à rembourser sa dette. Selon ces agences, la manière avec laquelle la France traitera son dossier du déficit et celui des retraites donnera un clair signal sur sa capacité à honorer sa signature. Sauf que la signature ne se traduit pas forcément  en investissements dans les dépenses d’avenir : éducation, recherche et développement, innovation, infrastructure du futur…

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