Cet édito de Frantz Olivier Gisberg, écrit dans le magazine Le Point, est suffisamment exceptionnel pour mériter qu’on lui rende hommage en l’affichant complètement :
« L’économie est décidément une chose trop importante pour être confiée aux politiques. C’est en vertu de cet adage, à la mode ces temps-ci, que la Grèce et l’Italie ont placé à leur tête des techniciens sans charisme ni états d’âme.
A quand notre tour ? La France n’apas eu à se plaindre du passage àMatignon du professeur Barre (1976-1981). S’ils étaient honnêtes, ses contempteurs de droite ou de gauche reconnaîtraient maintenant que Jean-Claude Trichet, gouverneur de la Banque de France, puis delaBanque centrale européenne, avait raison sur toute la ligne quandildénonçait la mauvaise pente qui nous a menés là où nous en sommes aujourd’hui, plombés parla dette et les déficits.
Tant qu’ils seront gouvernés pardespoliticiens qui ne songent qu’àl’élection suivante, et non àlaprochaine génération, nos pays fatigués de la vieille Europe ontpeudechances de remonter cettepente qu’ils ont dévalée sous l’effet du « court-termisme » etdel’électoralisme, les deux maladies qui ont coulé nos économies comme celle des Etats-Unis.
Il y a quelque chose de pathétique, pour ne pas dire plus, à entendre nospoliticiens dénoncer les agences denotation, comme si c’étaient elles, etnon leur propre incurie et leur propre laxisme, qui nous avaient conduits dans le mur, après trente ans de bêtises, de folies et d’imprévoyance, où l’on a vécu au-dessus de nos moyens, au nom d’un keynésianisme pour cours élémentaire. Il faudra bien, un jour, en tirer les leçons. Pour ne pas recommencer.
Mais c’est sans doute trop demander… »
Frantz Olivier Gisberg